Dans le port d'Amsterdam
Y a des marins qui chantent Les rêves qui les hantent Au large d'Amsterdam Dans le port d'Amsterdam Y a des marins qui dorment Comme des oriflammes Le long des berges mornes Dans le port d'Amsterdam Y a des marins qui meurent Pleins de bière et de drames Aux premières lueurs Mais dans le port d'Amsterdam Y a des marins qui naissent Dans la chaleur épaisse Des langueurs océanes Dans le port d'Amsterdam Y a des marins qui mangent Sur des nappes trop blanches Des poissons ruisselants Ils vous montrent des dents A croquer la fortune A décroisser la lune A bouffer des haubans Et ça sent la morue Jusque dans le coeur des frites Que leurs grosses mains invitent A revenir en plus Puis se lèvent en riant Dans un bruit de tempête Referment leur braguette Et sortent en rotant Dans le port d'Amsterdam Y a des marins qui dansent En se frottant la panse Sur la panse des femmes Et ils tournent et ils dansent Comme des soleils crachés Dans le son déchiré D'un accordéon rance Ils se tordent le cou Pour mieux s'entendre rire Jusqu'à ce que tout à coup Accordéon expire Alors le geste grave Alors le regard fier Ils ramènent leur batave Jusqu'en pleine lumière Dans le port d'Amsterdam Y a des marins qui boivent Et qui boivent et reboivent Et qui reboivent encore Ils boivent à la santé Des putains d'Amsterdam De Hambourg ou d'ailleurs Enfin ils boivent aux dames Qui leur donnent leur joli corps Qui leur donnent leur vertu Pour une pièce en or Et quand ils ont bien bu Se plantent le nez au ciel Se mouchent dans les étoiles Et ils pissent comme je pleure Sur les femmes infidèles Dans le port d'Amsterdam Dans le port d'Amsterdam |
Dire que Fernand est mort
Dire qu'il est mort Fernand Dire que je suis seul derrière Dire qu'il est seul devant Lui dans sa dernière bierre Moi dans mon brouillard Lui dans son corbillard Et moi dans mon désert Devant il n'y a qu'un cheval blanc Derrière il n'y a qu' moi qui pleure Dire qu'il n'y a même pas de vent Pour agiter mes fleurs Moi, si j'étais le bon Dieu Je crois que j'aurais des remords Dire que maintenant il pleut Dire que Fernand est mort Dire qu'on traverse Paris Dans le tout petit matin Dire qu'on traverse Paris Et qu'on dirait Berlin Toi tu sais pas tu dors Mais c'est triste à mourir D'être obligé de partir Quand Paris dort encore Moi je crève d'envie De réveiller des gens Je t'inventerai une famille Juste pour ton enterrement Et puis si j'étais le bon Dieu Je crois que je s'rais pas fier Je sais on fait ce qu'on peut Mais il y a la manière Tu sais je reviendrai Je reviendrai souvent Dans ce putain de champ Où tu dois te reposer L'été je te ferai de l'ombre On boira du silence A la santé de Constance Qui se fout bien de ton ombre Et puis les adultes sont tellement cons Qu'ils nous feront bien une guerre Alors je viendrai pour de bon Dormir dans ton cimetière Et maintenant bon Dieu Tu vas bien rigoler Et maintenant bon Dieu Maintenant je vais...pleurer... |
Non Jef t'es pas tout seul
Mais arrête de pleurer Comme ça devant tout le monde Parce qu'une demi-vieille Parce qu'une fausse blonde T'as relaissé tomber Non Jef t'es pas tout seul Mais tu sais que tu me fais honte A sangloter comme ça Bêtement devant tout le monde Parce qu'une trois quarts putain T'as claqué dans les mains Non Jef t'es pas tout seul Mais tu fais honte à voir Les gens se paient notre tête Foutons le camp de ce trottoir Allez viens Jef viens viens Viens il me reste trois sous On va aller se les boire Chez la mère Françoise Viens il me reste trois sous Et si c'est pas assez Ben il me restera l'ardoise Puis on ira manger Des moules et puis des frites Des frites et puis des moules Et du vin de Moselle Et si t'es encore triste On ira voir les filles Chez la madame Andrée Paraît qu'y en a de nouvelles On rechantera comme avant On sera bien tous les deux Comme quand on était jeunes Comme quand c'était le temps Que j'avais de l'argent Non Jef t'es pas tout seul Mais arrête tes grimaces Soulève tes cent kilos Fais bouger ta carcasse Je sais que t'as le coeur gros Mais il faut le soulever Non Jef t'es pas tout seul Mais arrête de sangloter Arrête de te répandre Arrête de répéter Que t'es bon à te foutre à l'eau Que t'es bon à te pendre Non Jef t'es pas tout seul Mais c'est plus un trottoir Ça devient un cinéma Où les gens viennent te voir Allez viens Jef viens viens Viens il me reste ma guitare Je l'allumerai pour toi Et on sera espagnols Comme quand on était mômes Même que j'aimais pas ça T'imiteras le rossignol Puis on se trouvera un banc On parlera de l'Amérique Où c'est qu'on va aller Quand on aura du fric Et si t'es encore triste Ou rien que si t'en as l'air Je te raconterai comment Tu deviendras Rockefeller On sera bien tous les deux On rechantera comme avant Comme quand on était beaux Comme quand c'était le temps D'avant qu'on soit poivrots Allez viens Jef viens viens Oui oui Jef oui viens. |